La catastrophe du Fief de Lambrechies
Pâturages le mardi 15 mai 1934.
Coups de grisou en 1929 6 morts.
Le 15 mai 1934,à la profondeur de 821 mètres,35 mineurs sont tués par un premier coup de grisou d'une rare violence.
Deux jours plus tard,alors que les sauveteurs et le directeur sont au fond pour essayer de secourir et de remonter des victimes ,survient un deuxième coup de grisou qui tue 22 de ces malheureux.
Pour éteindre le violent incendie,on sera obligé de noyer le puits et de le remblayer et d'y abandonner 32 victimes
Pâturages - La catastrophe du Fief de Lambrechies
Mardi 15 mai 1934.
14 heures
Le trait de l’après midi prend place dans les cages pour se rendre aux divers travaux souterrains.
Le va-et-vient incessant du rudimentaire ascenseur emporte 150 mineurs vers les profondeurs de la mine.
Ce poste de l’après- midi pratique l’abattage du charbon dans les tailles ainsi que le remblayage dans d’autres tailles.
18 heures
Etage 821.
L’inspecteur ouvrier , accompagné du chef porion du matin passe dans les travaux :rien à signaler. La température est supportable, l’air bien ventilé. On note à peine un très faible % de grisou. De grandes précautions sont cependant prises pour le travail, car sous le toit court un sillon de charbon contenant du grisou.
Le charbonnage est classé grisouteux et l’emploi d’explosifs est interdit.
19h 45’.
Le trait tire à sa fin .Soudain une sourde détonation avec brusques variations de courant d’air émeut 2 ouvriers occupés à l’étage 650.
L’un de ces hommes court vers le puits , sonne la <<gayolle>> et se fait descendre à 850 m.
Une âcre atmosphère d’oxyde de carbone le prend à la gorge. Sans hésiter et au mépris du danger, il se hasarde dans le bouveau dévasté ,mais la gorge brûlée par les mortelles émanations il rebrousse chemin et porte l’alarme à la surface.
Un autre mineur se trouvant à l’accrochage a été projeté dans l’eau du puits et bien que portant de nombreuses brûlure il tente de porter secours à la galerie sinistrée mais pas moyen d’avancer la fosse était en feu.
A la surface , l’heure de la relève approche ,les hommes du trait suivant attendent.
Soudain, une déflagration secoue les environs , un nuage de poussière jaillit du puits. Tous ont compris …le grisou …ils se précipitent vers le puits … les appels téléphoniques restent sans réponse. Bien vite les secours s’organisent en vue du sauvetage.
Quand l’équipe de secours arrive à l’étage 821, en pénétrant dans la veine elle découvre dans un wagonnet un corps recroquevillé qui flambe,il faut jeter de l’eau pour l’éteindre .Plus loin les sauveteurs dégagent un mineur dont le poinçon de son marteau –pic lui traverse la poitrine.
Entre temps d’autres sauveteurs partaient en reconnaissance vers les vallées d’entrée d’air.
Des portes étaient complètement arrachées et projetées vers le puits.
La lampe Marsaut s’éteint dans le grisou ,le détecteur d’oxyde de carbone détecte 3/1000 et seuls des sauveteurs munis d’appareils respiratoires peuvent s’avancer dans le bouveau,ils ramèneront 2 cadavres.
3 heures le mercredi 16 mai 1934.
Depuis la veille 23h30’ aucun corps n’a plus été remonté.
Il y a maintenant 11 cadavres alignés dans les bains- douches, deux ne sont pas identifiés.
Au fond les sauveteurs s’acharnent , un seul but ramener les corps aux parents qui les réclament.
La mine n’est pas en feu, mais sous les masses de terre effondrées ,il est là tapis…la chaleur est intolérables…il est impossible de découvrir un corps encore vivant…
3h30’
On remonte un 12°m corps qui ressemble à une bûche mi –consumée.
6h20’
Une équipe de sauveteur munis d’appareils spéciaux arrive en renfort ,ils viennent de la fosse de Ressaix.
8h30’du matin,
Des bruits sourds sont attribués à des éboulements .
A 821m le déblaiement se poursuit, car dans la veine se propage le feu.
Les sauveteurs qui sortent ruisselant de la fosse rapportent de terribles nouvelles ,il ne s’agit pas de dégagement lent de grisou provoquant la mort lente par asphyxie ,mais du vrais coup de grisou ,explosion suivie de< <flamme>> à 1500° qui grille les poumons .
17h,
13 cadavres ont été remontés,deux n’ont pu être identfiés.
18h,
La remonte est suspendue par suite d’éboulements .
Jeudi 17 mai,
7h,
Un jeune sauveteur a retiré 2 corps il retournera accomplir sa mission sans écouter sa jeune femme qui le supplie de rester à la maison.
10h15’
Une cage descend une équipe de sauveteurs mais à l’étage 821, une nouvelle explosion ,un second coup de grisou vient de se produire.
10h20’
L’explosion a entraîné de nouveaux éboulements et des nuages de poussières.
Des sauveteurs de Ressaix sont gravement atteints et leur état est désespérés et une autre équipe située au fond du puits sera entièrement décimée.
Les sauveteurs qui se trouvaient dans la cage descendante arrivent dans l’infernale veine.
Dans des nuages de poussières parmi les éboulis, des corps jonchent la mine pêle- mêle.
Ils s’emparent des blessés, ils réussissent à relever 10 corps.
Il restait 12 hommes dans la mine ,outre les 23 victimes enfouies depuis mardi soir on ignore leur sort .
10h30’
En dépit de sa femme qui s’accroche littéralement a lui pour l’empêcher de descendre un chef d’équipe prend place dans la cage de descente pour porter secours à ses compagnons.
11h
Une émotion intense plane sur la foule accrochée aux grilles de charbonnage et s’efforce de rester calme.
Sur le <<damache>> ,5 sauveteurs enveloppés dans des couvertures ,noirs de poussière échangent de rares impressions.
Un brûlé ,mortellement blessé ,et malgré ses plaies se lève se dirige vers la cour où il s’affaisse,épuisé,masse de chair grillée.
11h30’
Des hommes veulent encore descendre pour sauver si possible des camarades mais on leur interdit, pas pour longtemps.
11h45’
N’y tenant plus une équipe de sauveteurs descend dans la veine et bien vite remontent épouvantés. La mine est pleine de fumée impossible de respirer.
13h30’
Un impossible, un incroyable appel de sonnerie venant du fond…un homme est vivant…il appelle aussitôt les sauveteurs se précipitent dans la cage …lorsqu’elle revient à la surface ,en sort un mineur haletant ,la poitrine secouée de spasmes ,les yeux révulsés,il ne peut donner que de vagues explications sur l’endroit possible où trouver des victimes.
14h30’
Ainsi donc un être vivant avait pu se manifester. Les sauveteurs décident de descendre à nouveau. Elle s’attardera, on commence à s’inquiéter mais enfin à 4h30’ la sonnerie retentit et la cage remonte avec le cadavre d’un sauveteur qui était retourner pour la deuxième fois dans la fournaise.
Tout porte à croire que la puissance explosive du grisou accumulé dans la taille augmente sans cesse une nouvelle explosion risque de se produire.
17h30’
En raison du danger que présente le sauvetage et aucun corps n’étant plus reperé ,
On décide que le travail sera abandonné. On inondera la mine ou bien on fera des serrements.
19h
On établit le bilan définitif :57 morts et 17 blessés.
Le Fief de Lambrechies deviendra le tombeau de 32 mineurs .Ils dorment à tout jamais côte à côte dans la veine tragique.
Le lendemain 8h.
La direction décide d’arrêter l’exhaure afin de hâter la venue des eaux dans les galeries sinistrées. ¨Par la suite on déversera 500 berlines de terre en provenance du terril voisin.
Les sauveteurs accompliront avec un sang froid magnifique , un courage discipliné que rien n’arrêtera, une tâche à laquelle on ne rendra jamais assez hommage.
Je remercie chaleureusement ,Monsieur Léon Fourmanoit qui m’a autorisé à reproduire et à résumer quelques pages de son livre( qui est un véritable témoignage).
<<Des luttes… des hommes… et du borinage.
1934. L »année du fief de Lambrechies.
Catastrophe au Fief de Lambrechies.
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